La distance grandissante entre le consommateur et le lieu de production de l’aliment, la succession des crises sanitaires, la méfiance à l’égard du modèle agro-industriel… Tous ces éléments ont bousculé, ces dernières années, notre rapport à l’alimentation. Parallèlement, la montée de préoccupations de santé publique - obésité et maladies cardio-vasculaires principalement – et le changement du regard que nous portons sur notre corps, impriment une dimension nouvelle à l’acte de manger, où la prévention et la santé ont pris le pas sur la notion de plaisir. D’évidence, il y a là facteurs d’angoisse, ou du moins d’anxiété, qu’expriment volontiers les mangeurs d’aujourd’hui, égarés dans les méandres des discours nutritionnels surabondants, affolés par la multiplicité des messages de ce qu’il faut ou non manger, voire culpabilisés par des discours de contrôle et de maîtrise sur leurs comportements à table. Avec la remise en question des dispositifs de politique nutritionnelle, notamment via les messages publicitaires, dont l’inefficacité est désormais largement reconnue, il est urgent de porter une attention renouvelée à toutes les dimensions que revêt l’alimentation pour le mangeur. Les seules injonctions sanitaires ne sauraient nourrir les politiques publiques. Ce sont les cultures alimentaires qui donnent du sens et des sens, au mangeur, au consommateur et au citoyen européen. Les explications de Jean-Pierre Corbeau.
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